Bienne-Lez-Happart : un village qui a beaucoup changé

Les anciens de Bienne-Lez-Happart
Salut à tous, je me présente : on m’appelle Beber.
Me croirez-vous si je vous dis qu’autrefois, dans une autre vie bien sûr, j’étais un castor ?
Vous savez, ces petits animaux pas plus gros que des marmottes, tout bruns, avec des poils épais, de grandes dents sur le devant et une grande queue plate ?
Eh bien, c’est moi, il y a plus de deux mille ans.
Mais si Madame ! Évidemment, aujourd’hui, plus rien à voir…
Les grands poils bruns, pffft !
Les grandes dents, pffft !
Et la grande queue plate, pareil !
En tout cas, elle n’est pas plate…
J’étais donc un castor dans une autre vie et j’avais, bien sûr, plein d’amis castors.
Et figurez-vous que c’est en partie à cause d’eux que ce beau village porte ce nom un peu bizarre : « Bienne-Lez-Happart…. »
Si, Si, je vous assure !
Note : beber: mot celtique désignat le castor, à l’origine de la traduction dans les langues germaniques : biber (D), beaver (GB), bever (NL).

Un si petit village…? Pensez-vous ? Moins de 400 hectares au total et sous l’Ancien Régime(1) (avant 1794), on devait encore lui soustraire le fief du Vivier Coulon.
En 1801, Bienne ne comptait que 208 habitants et en 1976 seulement 244 habitants. Ces dernières décades, la population a augmenté pour atteindre 407 unités en 2009. Est-ce un boom des naissances ou la ruée vers l’or ?
(1) Ancien Régime : façon d’organiser les lois et l’administration des pays avant la Révolution française. Pour nous, Belges, cela se passa en 1794 après la victoire de Jourdan à Fleurus. La France annexa nos Pays-Bas, imposa sa langue et ses lois. On redessina les provinces et Mons devint le chef-lieu du Département de Jemappes.
Beaucoup de ces changements persistent encore. Au CRAL, en 1994, on a fait une exposition pour montrer en ce 200ème anniversaire toutes les étapes du changement dans les biens de l’Abbaye Saint-Pierre de Lobbes.

Un seigneur débrouillard
Pendant longtemps, Bienne ne fut qu’un hameau de Lobbes aux sources du ruisseau « Beverna ». Il n’y avait pas d’église et donc même pas une paroisse. Cela a changé lorsque Michel, jeune Seigneur de Barbençon épousa Jeanne Happart. En 1311, après avoir beaucoup
discuté avec les Chanoines de Saint Ursmer, il obtint le droit d’y établir et de doter une paroisse dédiée à Saint Remi. Pour assurer l’indépendance du village, il racheta aussi les terres que le Collège de Lobbes possédait à Bienne.
En 2011, on fêta les sept siècles d’un village en pleine expansion.

La couronne princière
A la limite de Buvrinnes, il y a un lieu-dit nommé Pont de Lionsart. C’est là où la rue A. Regniers rejoint la rue Verte et où une petite dépression humide borde la droite du virage. Il y a une trentaine d’années, le Cercle de Recherches Archéologiques de Lobbes y découvrit une grande borne taillée dans une belle pierre calcaire. Haute d’environ 80cm, elle était décorée à son sommet par une petite couronne et par la lettre « C ». C’était un souvenir du Prince Charles de Lorraine qui fut gouverneur général du pays pendant 40 ans au 18ème siècle.

Nous n’irons plus au bois
Bien que le bois d’Howis soit contigu au village, Bienne ne comptait jadis que trois bosquets couvrant une superficie de trois bonniers.(1)
Ces bois se situaient en bordure de trois ruisseaux : le Grignard, la Gowette et le Spambou. En ces temps anciens, les bois communaux étaient précieux pour les pauvres gens qui y menaient paître leur petit bétail. Heureusement, Michel de Barbençon obtint pour ses manants le droit de mener leurs bêtes « champier » dans les bois de l’Alleu de Binche. Cela ne plaisait pas beaucoup aux voisins même si les Biennois payaient la taxe annuelle s’élevant à un pain et à un poulet par famille.
(1)Il s’agissait de mesures anciennes qui avaient le défaut de varier d’un lieu à l’autre. Ainsi à Rance, le bonnier valait 1ha 20a (12.051 m2) alors qu’à Thirimont, le bonnier de Liège valait 1ha36a (13.626m2)…

Le château fantôme
Lorsque la Belgique devint indépendante, il ne restait plus du château féodal abandonné depuis plus de 40 ans que des ruines qui disparurent progressivement. Seule la ferme attenante gardée par quelques tours du 17ème siècle fut conservée jusqu’à ce jour.

On lui a coupé la tête
La première tour (14ème siècle) de l’église Saint Rémy fut conservée très longtemps. En 1774, un coup de foudre la ruina jusque dans ses fondements. On en reconstruisit une nouvelle qui ne résista qu’un siècle. En 1876, on reconstruisit une tour-clocher plus conforme au style général de l’église. Mais le mauvais sort s’acharnera sur cet édifice. Menaçant ruine à nouveau, l’étage supérieur fut décapité en 2014 et les 8 jolies baies gothiques ne chantent plus l’appel des cloches.

Berlu et Jean Meurant